Une rencontre violente dans une chambre sombre. La violence n’est pas visible dans l’obscurité. Le temps d’un flash on peut l’observer, sur un visage, dans un reflet. Dans la violence se cache l’espoir, c’est lui qui la nourrit, si il se montrait, si il partait, la violence en ferait de même. Personne n’allume la chambre, l’espoir reste caché, et la violence ne s’arrête pas.
Une créature ni homme ni femme, mi-homme mi-femme, émerge de l’obscurité d’une forêt humide. Elle s’approche de la vie, elle est la vie elle-même. Les morts la rejettent. Se rapprochant de plus en plus de la vie, d’elle-même, elle ne fait qu’un avec le vivant. Il n’y a maintenant plus rien d’autre que son existence, ce qui est mort n’est plus. La vie seule reste, plus de forêt sombre et humide, uniquement une lumière douce et légère.
F est impatiente, elle attend que S revienne à celui qu’il était. Elle sait mais ignore que S ne peut pas. Il a à jamais changé, et danser il ne peut plus. F attend toujours, elle se raccroche à des souvenirs irréels et cherche le moindre signe du passé révolu en S. Elle ne fait rien qu’attendre, elle n’aide pas, ne demande pas, n’agit pas, elle attend. Dans l’attente elle s’oublie, qui est-elle ? Elle n’est plus que ses souvenirs avec S, qui lui n’est plus, il est parti.
Je lève les yeux au ciel, et je me vois en tomber. La chute au ralenti ne me blesse pas. En face de moi, je suis, mais différente, je sais mais je ne sais pas. Nos regards se croisent et je disparais dans mon regard. Je veux remonter, mais ça y’est ,je suis piégée au sol. J’ai beau me débattre, je ne peux plus bouger. Les autres qui ne sont pas moi, qui ne sont pas tombés, peuvent bouger, ils se déplacent et avancent, ils changent ou ne changent pas mais ils ne sont pas piégés. Le monde lui avance, me montre toute son étendue, mais je ne bouge pas, parfois j’entrevois des pièges enfermant mes semblables. Je me retourne mais je ne suis plus là, où suis-je ? Soudain l’euphorie me prend et je sais que même si je reste ici, je suis ailleurs.
Frank vient d’avoir 7 ans, au moment où il souffla les bougies de son gâteau d’anniversaire, il l’a senti, ça y’est, il grandit. Il a 7 ans. Ses amis autour de lui semblent tous différent après cet instant. Pour lui il y’a un avant avoir souffler les bougies et un après. Mais cet avant est déjà en train de disparaître, qu’est ce que c’était d’avoir 6 ans ? Il ne sait plus. Tout ce qu’il voulait hier, il ne le veut plus aujourd’hui. Il a grandi, il a changé.
Je sais que c’est fini, la porte est ouverte en face de moi, il suffit que je la traverse et que je la ferme. En effet nous ne pouvons pas revenir en arrière, l’homme doit vivre dans la linéarité du temps. JE me lève et avance vers la porte, je le sens, je sens mon monde changer, je sens ma perception s’élever, lorsque j’aurai traversé la porte, je verrais de nouvelles choses en moi et en eux, suis-je prête ? Le froid à l’extérieur de la porte m’incite à rester là où je suis, bien au chaud. Mais je dois la traverser, j’en ai besoin pour voir, pour me voir, je ne puis rester aveugle dans la lumière je préfère voir dans l’obscurité. J’y suis, la porte se ferme, et j’ai froid, mais une chaleur émane de moi, elle s’étend doucement vers mon épiderme, et je deviens ma propre maison. Le dernier au revoir est déjà passé, et je suis seule, personne ne m’appelle, mais je suis là.
Le vent souffle dans mes cheveux, ça n’est pas agréable. It feels like dirt. Ce vent sent mauvais, je me sens sale, la pluie commence à tomber par petites gouttes, puis elle devient lourde. Lourde et sombre. Avancer devient de plus en plus difficile, j’étais en train de sauter, et maintenant impossible de lever ma jambe. Elle est engloutie par la vase qui se forme autour de moi.